Ça devait faire 300



https://www.strava.com/activities/2548222183

Je voulais faire court mais il s'en est passé des choses sur ma dernière sortie ...

L'idée de base était de rejoindre Verdun puis de renter par le TGV situé 30km plus au sud sur une distance de pile 300km ! Mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Donc départ à 4h du matin … glops … puisque le dernier départ de TGV est prévu à 18h48...300 bornes avec les pauses, les pépins mécaniques les imprévus vaut mieux prendre large (et j’ai bien fait…).

Première fausse bonne idée ! Traverser Paris à 4h30 du mat… J’imaginai la capitale plutôt tranquille à cette heure mais petit détail que j’avais oublié, nous sommes le soir de la finale de la CAN !! One Two Three viva l’Algérie ! Les rues sont encore pleines de fêtards pas très frais et les klaxons se mêlés aux sirènes de polices pour animer ce début de matinée. J’évite avec soin les champs Élysées et roule avec prudence pour éviter les débris de verres cassés sur la route, le tout avec peu de visibilité…Donc une traversée pas si simple mais j’arrive sans encombre et sans crever jusqu’à Pantin pour suivre le canal de l’Ourcq.

Je suis un peu limite en éclairage mais la visibilité sur les berges est plutôt bonne sauf au moment de passer le parc de Sevran. Ici ma frontale et mes deux loupiotes décathlon sont un peu juste pour distinguer correctement les racines qui déforment le bitume. Ca tape légèrement dans les bras mais ça passe. Une 50ène de km d’effectué, je fini de longer le canal et le jour se lève. La moyenne horaire est ridicule mais ce n’est pas grave le but n’était d’aller vite aujourd’hui. Le tumulte de Paris et sa région est maintenant passé.

Je traverse la campagne au-dessus de Maux, la température est idéale et peu de vent. La quiétude matinale est seulement troublée par l’incessant chassé-croisé des avions qui décollent ou amorcent leur descente. Normal je suis pile dans l’axe du couloir aérien de Charles De Gaulle.

108 km d’effectués, il me reste 10h pour arriver, la campagne se montre un peu plus vallonnée mais rien de méchant, tout va bien.

140 km, des côtes et maintenant les premiers coteaux ! Les champs de blé laissent place aux vignobles, j’arrive dans ma Champagne natale. Il est 10h30, le thermomètre commence à bien grimper, 28 °C au compteur et je sens mon cœur taper un peu plus fort dans les montées.

Première erreur de trace ! J’ai fait ce parcours sur un coup de tête parce qu’on est venu à parler de Verdun au boulot et que je cherchais à occuper mon quartier libre du week-end. Verdun ça doit faire pas loin de 300, y a une gare…banco ! Et j’avoue je l’ai fait un peu à la va-vite …. D’habite je décortique chaque km de mes tracés avec google map et street-view pour éviter les pièges. Là non, j’ai placé mes points, regardé de haut et roule ma poule ! Me voilà arrivé dans le parc de la Montagne de Reims…Pourquoi ne pas visiter ses charmants petits villages. Je serpente au milieu de la vigne, je monte, je descends, le paysage est magnifique mais vallonné. Arrivé dans un d’un village en bas d’une descente, je vois un chemin à moitié goudronné qui part droit dans le pentu… Oh oh j’espère que je ne vais pas me la taper celle-là ! Et merde mon compteur m’indique de tourner à gauche, on y va !

J’hésite à la grimper surtout qu’en haut je distingue des gros cailloux sur la route mais impossible de voir comment ça continue une fois en haut. Mais aller, on a signé c’est pour en chier ! Tout à gauche et c’est parti pour 200m à 15%



Et une fois en haut mes craintes se confirme ça continue sur un chemin de terre…Je redescend et choisi de prendre la belle route qui longe la montagne en contre-bas.

Quelques voitures sur cette large voie mais le terrain est beaucoup moins accidenté ! Je traverse des villages encore décorés du passage du tour de France. Je m’aperçois maintenant que 12 Jours auparavant c’est à quelque kilomètres d’ici que Julian Alaphilippe avait ravi le maillot jaune sur les pentes de la cote de Mutigny. 8h de vélo, 175km, J’ai retrouvé mon parcours initial après avoir quitté les pentes de la montagne de Reims. Il commence à faire très chaud (34 °C) et les quelques côtes gravies m’ont obligé à taper dans mes réserves. Il est temps de faire une pause sandwich sur les bords de Marne peu après Epernay. Le ventre plein et les 20 km suivant font du bien. Une belle route à voitures bien plate. Le vent de ¾ arrière c’est intensifié et je file jusqu’à la proche banlieue de Chalon en Champagne. Une rafale de vent projette un insecte sur moi et je sens une piqure sur ma cuisse à travers le cuissard. A ce moment le GPS m’indique de tourner à gauche sur un chemin agricole !!?

2ème erreur de trace :
Je fais une pause pour faire un point sur la piqure et la trace…La cuisse va bien, son pronostic vital n’est pas engagé mais j’e n’en dirait pas autant de mon parcours…il a l’air tout pourri !! Je vois de nombres angles droits sur plusieurs kilomètres, signe qu’il veut me faire serpenter entre les champs… Plan de secours, j’utilise l’itinéraire de google Map pour aller à la gare tout en gardant un œil sur ma trace d’origine. Fausse bonne idée numéro 2, il m’emmène sur un chemin recouvert de bitume qui finit en T avec à gauche un chemin de terre et à droite un autre chemin de terre avec de la grosse caillasse … Allez Hop ! C’est parti par une session de gravel improvisée. Mes pneus de 25 chassent sur ce chemin rocailleux et les agriculteurs assis dans leurs monstres climatisés me regardent passer d’un air amusé. 4 km en légère pente montante instable, sous un soleil de plomb, les yeux rivés sur les trous et cailloux en espérant ne pas tomber ou crever. Que du bonheur…

Je fini par retrouver du bitume ! Ici les parcelles agricoles sont énormes si bien que sur le GPS il est difficile de faire la distinction entre les petites départementales et les chemins. Je reste donc sur du la d994, une grande ligne droite qui file à travers champs avec de grosses rafales de vents de côté et des camions. La route me semble interminable, en plein cagnard je commence à être à sec, pas de village en vue et encore moins de cimetière pour remplir les bidons. Et pour couronner le tout un petit essaim d’abeille traverse la route et me grille la priorité sur mon passage. Je baisse la tête, ferme la bouche et plisse les yeux…ouf pas d’accident. Quelques mètres plus loin je trouve un golf sur ma route qui me permet de faire le plein et me rafraichir.

La vrai bonne idée !
220km, il me reste 4h pour arriver. Je suis paumé au milieu des champs loin de ma trace et mon GPS choisi un parcours plus adapté aux voitures qu’aux cyclistes. La bonne idée; je change de logiciel ! Je choisi Waze en désactivant les autoroutes, les voies rapides et surtout les routes non bitumées !! Il me sort un itinéraire de 60km aux petits oignons, plus court que prévu mais sur des petites routes comme je les aime. Je commence à être cramé et ma plus grosse crainte est de me retrouver face à ce vent qui forci. Tant pis pour les 300, 280 km en solo complet c’est déjà pas mal.

La fin de parcours est assez agréable. Je roule tranquillement poussé par le vent qui maintenant est dans mon dos. Les grandes étendus agricoles laissent place à des prés pour le bétail, des bois et des étangs qui rendent la chaleur plus supportable.

J’arrive à la gare de Meuse TGV avec seulement 2h d’avance sur le dernier train pour Paris après un périple de 13h10. 2550 m de D+ et 2250m de D- à 23.8 km/h . Bref, ne jamais négliger son parcours quand on part loin mais une belle aventure personnelle.